Le goût des autres
Je prends assez fréquemment le taxi le matin à Paris… et malheureusement pour moi les chauffeurs de taxi sont apparemment friands de l’émission de ‘talk show’ matinale de RMC. Je n’ai pas tout le temps d’appels téléphoniques à passer, donc je la subis régulièrement…
Je suis surpris par l’intérêt que portent les auditeurs sur l’avis de tous à propos de tout. Cela n’a pour moi qu’une valeur de sondage, et encore… Cela me fait penser à la mauvaise façon de faire du réseau.
Je suis comme beaucoup: j’ai une opinion. Ceux qui me connaissent bien me reprochent même d’avoir des opinions sur tout. Et de les donner à entendre trop facilement.
Je vais cependant vous faire une confidence:
Dans l’absolu, mon opinion ne vaut rien!
Vous pouvez me la demander. J’ai le droit de vous la donner.
Mais cela ne lui confère en aucun cas de la valeur. La valeur d’une opinion est directement fonction du savoir. Et le savoir est lié à la connaissance théorique, mais surtout à la pratique. Il est la dans la majorité des cas la conséquence d’un apprentissage.
Évidemment si je m’exprime sur ce que je connais bien: le recrutement des cadres, le développement de son réseau, la façon dont sont organisés certains secteurs de l’industrie… mon opinion peut avoir une valeur pour certains, qui ne s’y connaissent pas, parce que moi j’ai de l’expérience dans ces domaines. Mais face à une autre opinion éclairée, proférée par quelqu’un dont le métier lui apporte également une bonne connaissance de ces sujets… la valeur de mon opinion disparaît. Si Hervé Bommelaer et moi par exemple divergeons sur comment pratiquer le réseau pour retrouver un job, vous avez tout à fait le droit de le croire davantage que moi… ou de ne croire aucun de nous deux!
C’est donc une affaire de relativité. Il vous faut toujours peser la valeur des opinions et des conseils qui vous sont donnés.
Qu’est-ce qui les fonde? Quelle est l’expérience de la personne qui s’exprime? Quelle est son autorité en la matière?
Tout cela est bien compliqué… Et ne peut donc pas être ce en quoi réside l’intérêt de faire du réseau.
Vous ne gagnerez pas grand chose à recueillir des opinions, ce qu’il vous faut c’est recueillir des faits. Procédez donc comme Galilée ou Newton: formez-vous une idée et allez voir dans la réalité si votre idée tient.
Je vous demande donc de bien faire attention lorsque vous faites du réseau pour valider la faisabilité de votre projet ou pour le mettre en œuvre. Vous ne devez pas demander aux autres ce qu’ils en pensent.
Vous devez en revanche leur demander s’ils ont déjà vu se faire quelque chose comme ce que vous projetez de faire. Vous devez demander où ils ont déjà vu rentrer dans leur entreprise des individus ayant votre profil. Vous devez demander s’ils connaissent des individus ayant le même profil que vous et où ils travaillent. Vous devez leur demander comment leur société ou leur département sont organisés.
Bref, vous devez vous constituer votre propre opinion a partir des données factuelles que vous recueillez et non pas vous contentez de sonder les gens. C’est pourquoi c’est plus difficile, c’est pourquoi aussi c’est passionnant. En plus d’être efficace.
Et pour revenir sur mon introduction, c’est l’essence de la vraie démarche journalistique.
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