De l’indignation
Le dernier gros PSE sur lequel je suis intervenu s’est étendu de fin 2009 à début 2011.
Les circonstances étaient tristes. La société était performante économiquement: ses produits étaient bons et adaptés au marché. Les ventes étaient bonnes, du fait notamment de la grande compétences de ses équipes. Et pourtant, elle se retrouvait en liquidation judiciaire. Parce que le quartier général nord-américain avait fait de mauvais choix stratégiques et financiers. Il y avait beaucoup de colère et d’amertume.
Finalement l’histoire s’est statistiquement plutôt bien terminée, avec une statistique dépassant les 90%. Ce qui signifie néanmoins près d’une trentaine de personnes sans solution identifiée…
L’un des cadres que j’ai accompagné durant cette période m’a offert le petit fascicule de M. Hessel le jour de sa sortie. Approprié et judicieux.
Nous avons donc tous de nombreuses et très bonnes raisons de nous indigner. Même sans participer au jeu politique.
En plus c’est à la mode. J’ai reçu il n’y a pas si longtemps un e-mail d’un cabinet de conseil en management qui portait le titre ‘indignez-vous!’…
J’adore le message de nos vieux ‘sages’! Merci MM. Hessel, Morin et consorts de l’exemple que vous donnez aux jeunes générations qui, pour partie, semblent commencer à entrer en résonance. Il faut des utopies, il faut une approche philosophique et pas seulement utilitariste du monde et il est indispensable que nos anciens et nos jeunes nous poussent à faire évoluer les choses dans une direction meilleure.
Mais voyons la vérité en face: les révolutions réussies sont toujours l’œuvre de membres du parti dominant en place, pas d’éléments étrangers. Impossible de changer le monde de l’entreprise, par exemple, si l’on n’en fait pas partie. C’est par l’exemple, en montrant qu’il y a une alternative, des façons meilleures de faire, que l’on influence et finit par faire changer les choses. Pas en rompant le contact, en se mettant en dehors et en donnant des leçons de loin.
Pour ma part je pense que nous avons tous une part de responsabilité dans l’état des choses. S’il ne nous convient pas, à nous de le dénoncer certes, mais surtout à nous de le faire évoluer. En proposant des solutions et en commençant par ce qui nous touche directement et sur lequel nous avons un peu d’emprise. Exemples simples de tous les jours:
Je n’aime pas la façon dont mon manager me convoque à des réunions impromptues pour faire un point sur l’avancée de mon activité et me dérange dans l’organisation de mon travail. Alors je lui envoie chaque lundi matin un rapport très simple mais complet sur ce que je vais faire cette semaine et à quoi je compte être parvenu vendredi prochain.
Je suis déçu de ce que les annonces de recrutement ne correspondent jamais à mon profil: je vais donc aller proposer mes services aux entreprises qui m’intéressent, directement auprès des directeurs qui pourraient être mes supérieurs.
Mon patron ne me propose pas d’évolution, je vais lui expliquer ce que je pourrais lui apporter de plus s’il me positionnait en tant que responsable de telle ou telle chose.
Indignez-vous! Je comprends le message et l’apprécie.
Cela dit je ferais plutôt mien celui-ci: « Bougez-vous! ». En 1967, un slogan de recrutement des volontaires américains contre la pauvreté disait: « if you are not part of the solution, you are part of the problem ». Et c’est sans doute une des phrases les plus justes que j’aie jamais lue.
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