Qu’avez-vous fait pendant tout ce temps?
Lorsque l’on quitte son entreprise sans avoir d’autre offre en main, il y a une période de chômage.
Elle dure plus ou moins longtemps: les extrêmes pour les cadres que j’ai accompagnés jusqu’ici sont de 5 semaines et 16 mois. Mais en moyenne il est raisonnable de compter 6 à 9 mois.
Évidemment la recherche est souvent plus difficile pour les jeunes diplômés et les cadres ayant plus de 35 ans d’expérience que pour les jeunes quadra.
Il est évident également que ceux qui sont totalement mobiles ont un avantage sur ceux que leur situation personnelle cantonne sur une zone donnée, fut-ce la région capitale…
Arrive donc toujours le moment où la question est posée: qu’avez-vous fait durant tout ce temps?
Cela peut être au cours d’un entretien par un interviewer indélicat, provocateur ou simplement pas malin… cela me pose en général plus de problème, lorsque cela vient de vous!
Une première précision, en tant que chasseur de tête, j’ai parfois eu une discussion avec des clients -irréelle, confondante, absurde – pour savoir si un candidat au chômage était moins intéressant (comprenez bon) qu’un candidat en poste. Je préférais ceux qui me disait ouvertement: ‘je ne vous paie pas pour me trouver des candidats en recherche d’emploi pour ceux-ci une annonce me suffit’. Mais en tout cas, personne ne m’a déclaré tenir compte de la durée passée à chercher un emploi tant que l’on était en dessous des deux ans.
Soyons clairs: ne commencez pas à culpabiliser, encore moins à avoir honte. Soyez éventuellement frustrés, en colère parce que c’est trop long et que vous avez envie/besoin de travailler, et utilisez ces sentiments pour avoir encore et toujours de l’énergie afin de continuer dans vos démarches et aller jusqu’au bout. Mais de grâce, pas de honte mal placée.
Dans ce registre, je dois dire que j’ai bien trop souvent entendu des justifications que ce soit en tant que chasseur ou aujourd’hui de la part de cadres en recherche. La crise, les entreprises qui n’achèvent pas les recrutements qu’elles commencent, la délocalisation de l’industrie française, les « je suis arrivé en finale mais ils ont pris l’autre »… autant d’arguments qui pour valables qu’ils soient ne font que vous donner une image négative. Nous sommes tous intéressés par ce que vous faites, pas par les raisons pour lesquelles vous n’avez pas encore trouvé! Ne justifiez pas comme pourrait le faire un enfant (c’est pas ma faute!!), expliquez moi quelle démarche vous menez, ce que vous avez mis en œuvre, leurs résultats. Il y a davantage de chances que cela me révèle des points importants sur vous et me montre de quelle façon vous fonctionnez, ce qui me sera bien plus utile que des platitudes sur la crise ou les délocalisations.
Et en m’expliquant vos démarches, donnez moi des faits, des preuves, ainsi vous pourrez me présenter ce projet qui est actuellement le vôtre sous un format très proche des projets qui constituent le reste de votre expérience professionnelle. Je comprendrai ainsi que vous êtes loin de vous tourner les pouces! Quelles preuves, quels faits, me direz-vous?
Expliquez donc votre ciblage d’entreprise, qui vous avez approché, comment vous vous y êtes pris (cf le post « l’amour courtois »). Faites du name-dropping (expression actuellement à la mode pour du dire ‘citez des noms’), on ne sait jamais, peut-être vous découvrirez vous des contacts communs. Non seulement vous serez probablement passionnant en le racontant, puisque vous êtes généralement passionnés lorsque vous effectuez cette démarche, mais en plus vous initierez dans la plupart des cas votre interlocuteur a la pratique du réseau… Payez-vous le luxe en fin de discussion de demander des noms de contacts réseau que vous pourriez approcher de sa part!
Voilà pour la réponse à donner aux interlocuteurs lors d’un entretien. Je voudrais conclure en parlant de vous. Et la manière dont vous devriez prendre les choses et traiter cette période que vous passez. Ce temps de recherche, même long, n’est pas gâché, pas perdu. Vous devez l’optimiser. Faites des choses pour vous. D’un point de vue professionnel d’abord: effectuez certaines formations, voire des missions courtes afin de vous former sur des sujets qui vous manquaient, tout en étant par exemple en périphérie des fonctions qui sont les vôtres. Octroyez vous également du temps pour vous, de façon presque égoïste pourrait-on dire, mais qui en fait vous permettra de tenir le coup: s’épuiser en recherches ne rime à rien. Faites du sport, nourrissez-vous mieux, remettez-vous à la peinture, au bricolage, à la danse folklorique… visionnez des films, sortez… bref équilibrez!
Enfin, mais c’est probablement le plus important, je vous enjoins de consacrer un temps significatif aux vôtres, ces personnes qui vous sont proches et chères, qui ne vous voyaient pas assez lorsque vous travailliez et qui maintenant s’inquiètent pour vous parce que vous ne travaillez plus.
Montrez leur que vous allez bien et consacrez leur du temps!
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