Les candidatures spontanées: l’erreur d’être candidat.
« J’ai envoyé 1500 candidatures spontanées, je n’ai quasiment pas reçu de réponses. Vraiment les entreprises sont nulles. »
C’était le commentaire atterré, dépité et épuisé que me faisait un contact réseau peu de temps après s’être assise en face de moi dans mon bureau.
Je lui ai répondu que j’espérait qu’elle les avait envoyées toutes en même temps. Surprise, elle me retourna que non, bien entendu, on ne fait pas de mass-mailing de candidatures spontanées.
Elle a raison, bien entendu, et nous n’avons pas continué sur ce thème.
Mais en retour je pose la question: pourquoi envoyer 1500 candidatures spontanées les unes après les autres alors que cette pratique ne vous amène aucun résultat, en tout cas en cette période? Pourquoi reproduire à l’infini un schéma improductif, persévérer dans l’inutile?
J’ai une réponse un peu personnelle, presque politique, à ce sujet. Envoyer des candidatures spontanées, comme répondre aux annonces est une activité solitaire qui repose sur le concept de compétition, alors que pratiquer le réseau est une activité collective, s’appuyant sur le principe de solidarité… Je suis évidemment plus sensible à la seconde qu’à la première.
Mais au delà, la raison pour laquelle il ne sert à rien, selon moi, d’envoyer des candidatures spontanées est essentiellement pratique. Se présenter comme candidat implique de se confronter à un idéal et espérer y correspondre presque à 100%, perdant des points à chaque différence; rencontrer un manager par réseau et subtilement lui suggérer au fil de vos discussions que son équipe serait plus forte si elle vous comptait en son sein, c’est principalement essayer de construire autour de vos forces… Personne n’est dupe et surtout pas le manager en question, mais en revanche, comme la démarche est participative et lui demande de réfléchir tout en devisant professionnellement avec vous, il ou elle y participera en général plus volontiers…
Vous êtes très nombreux à m’avoir expliqué que vos candidatures spontanées, même lorsqu’elles sont recommandées (c’est-à-dire que vous utilisez le relais de quelqu’un), n’apportent pas de résultat. Cette démarche a même comme principal (unique?) aboutissement concret de vous démoraliser. Et j’ai souvent bien des difficultés à vous regarder dans les yeux au moment ou vous me l’expliquez car je sens la tension, la frustration, la colère, et cet immense doute qui vous étreignent, à la façon dont ils brillent, ces yeux.
Je rage avec vous de constater à quel point ce système est mal fait: les entreprises ne tentent rien, elles clonent, elles ne sont pas sensibles aux différences, à l’expérience… Quand elles recrutent. Ou plutôt, une fois qu’elles ont ouvert un processus formel de recrutement…
Je voudrais digresser pendant quelques phrases et vous parler d’une grande frustration des chasseurs de têtes. Lorsqu’une entreprise confie un « recrutement par approche directe » à un cabinet, elle spécifie un cahier des charges sur le profil recherché qui est précis, exigeant et très complet quant aux compétences, aux comportements, à l’attitude, aux valeurs et aux expériences des candidats acceptables. Il est souvent presque impossible de trouver un cadre qui à la fois y corresponde et soit intéressé par le poste en question. Il n’est pas rare que lorsque le chasseur parvient (enfin) à présenter quelques « solutions », l’entreprise cliente lui signifie avoir trouvé par elle-même. Après vérification le candidat choisi correspondait presque toujours à peine à 70% des critères!! Et d’ailleurs si le poste en question est tenu par plusieurs personnes dans l’entreprise, l’analyse montrera qu’aucune d’elle ne correspond au cahier des charges donné au chasseur.
J’en reviens à mon propos: les candidatures spontanées arrivent entre les mains de décisionnaires qui soit n’ont pas de besoin et donc ne vont pas la considérer, soit ont d’ores et déjà défini le profil idéal correspondant à leur besoin et il y a très peu de chances que vous correspondiez pleinement à celui-ci. Il ne fait pas bon se déclarer candidat: c’est le meilleur moyen que votre cv (sur lequel vous avez passé des dizaines d’heures…) soit rejeté en quelques secondes.
Je pense qu’il est beaucoup plus efficace sur la durée et beaucoup plus motivant dans l’ensemble que vous parveniez à parler avec les individus qui pourraient être vos futurs patrons au cours d’un échange entre professionnels des mêmes métiers ou du même secteur. Bref une discussion ouverte entre pairs, que vous parviendrez à solliciter parce que vous avez une connaissance commune ou parce que vous vous retrouvez dans le même salon/événement. Vous pourrez parler de son entreprise sous l’angle de son actualité, en apprendre davantage sur son organisation et pourquoi pas en arriver à évoquer de quelle façon vous pourriez lui/leur être utile. Faites confiance à son intelligence pour penser à vous s’il vous trouve « bien » et qu’il sait qu’il existe un poste correspondant à pourvoir.
Nombreux sont ceux que j’accompagne qui ont reçu un appel de quelqu’un qu’ils avaient rencontré des semaines/mois avant pour leur parler d’un poste et, à ce moment là seulement, leur demander leur cv!!!
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