Vous avez dit intelligence collective ?
Contrairement à ce que disait Coluche dans son sketch sur les sportifs, l’esprit d’équipe n’est pas un esprit partagé entre tous les membres l’équipe mais plutôt l’opposé : l’action de coopérer qui permet de catalyser et de décupler les esprits et donc les résultats individuels. Voici un post qui met en lumière les raisons pour lesquelles il est devenu indispensable de favoriser l’intelligence collective aujourd’hui et les principales techniques de coaching d’équipe utilisées.
Généralement, l’intelligence collective apparaît naturellement pendant les crises subites, en cas d’accident majeur ou quand un événement menace tout d’un coup l’entreprise : les modes de fonctionnement habituels et les egos sont oubliés pour former une véritable cohésion. Souvent, cela donne des miracles. Nous connaissons tous l’exemple célèbre du sauvetage des astronautes d’Apollo 13, relaté dans le film de Ron Howard, sorti en 1995 avec Tom HANKS et Kevin BACON. Le module principal étant endommagé, les astronautes doivent survivre dans le module lunaire Aquarius. Mais le CO² n’est plus filtré correctement et les ingénieurs de la NASA doivent sauver les astronautes en quelques heures.
Malheureusement, une fois la crise passée, les habitudes hiérarchiques sont souvent reprises… Il faut donc travailler à pérenniser l’intelligence collective. Les périodes de crise se prêtent bien à ce sujet : elles engendrent une coopération généralement jamais vue auparavant. Comment capitaliser sur ce changement d’habitude ?
D’ailleurs, à l’origine de l’humanité, la capacité à coopérer était une des conditions de la survie du groupe. En effet, il existait alors plusieurs genre Homo sur la terre qui commençaient à dominer le monde animal : l’Homo Sapiens, bien sûr mais aussi l’Homo Habilis, l’Homo Erectus, l’Homo Rudolfensis, l’Homo Neanderthalensis (l’homme de Neandertal)… Ce dernier était plus grand, plus fort physiquement et avait aussi un plus gros cerveau qu’Homo Sapiens. Néanmoins, il semble que Sapiens ait réussi à prendre le dessus sur toutes les autres espèces qui se sont éteintes.
L’hypothèse la plus répandue est que sa force a résidé dans sa capacité à mobiliser l’intelligence collective.
Alors que Neandertal n’arrivait pas à vivre dans des groupes supérieurs à 50 membres, et avait besoin de bien connaître les autres pour coopérer, Sapiens a été capable de se regrouper jusqu’à plusieurs centaines – voire plusieurs milliers – en étant capable de coopérer avec des inconnus partageant la même cause et surtout la même culture.
Cette capacité à imaginer et à croire en des concepts virtuels (idéal commun, divinité…) a été le ciment des individus rassemblés en communautés toujours plus grandes, unies et devenues invulnérables.
Nous vous proposons de lire cet été sur la plage le livre passionnant de Yuval Noah HARARI « Sapiens, une brève histoire de l’humanité ».
Si vous souhaitez maintenir l’efficacité dans vos équipes et gagner des parts de marché, il est intéressant de revenir aux sources mêmes qui ont fait le succès de notre espèce. Mais nous n’avons plus de prédateur sur terre à part nous-mêmes, ce qui explique peut-être cette tendance sournoise à l’auto-destruction…
Il faut donc sortir du schéma classique de la méritocratie, du succès individuel poussé à l’extrême dans le système hiérarchique, permettant à seules quelques personnes de se hisser au sommet de la pyramide.
Un autre livre peut vous accompagner pendant les vacances : « Revinventing Organizations ». Selon la cartographie de la typologie des organisations proposé par Frédéric LALOUX, l’idée est de passer du stade de maturité « Orange » au « Vert » pour atteindre enfin le graal de l’organisation libérée « Opale ».
Pour cela vous pouvez faire appelle au mentoring et au coaching (le mentor transmet, conseil, donne son avis alors que le coach questionne, fait réfléchir, pousse la personne ou l’équipe à trouver ses solutions). Nous adoptons au gré des situation une posture de mentor (basée sur 20 ou 30 ans d’expérience professionnelle en entreprise) ou de coach, utilisant les techniques apprises et expérimentées.
Cet accompagnement est une forme de coaching qui vise à prendre en compte l’ensemble d’une équipe.
Le mentor va suivre dans la durée l’ensemble de l’équipe, sans remplacer le manager. Il ne sera pas un membre de l’équipe, mais sera plutôt un miroir, un observateur.
Il suivra l’équipe sur ses sujets habituels, et ferons en sorte qu’elle puisse se voir comme dans un miroir et se remettre en question :
- quels sont ses points forts ?
- comment fonctionne t-elle ?
- quelles sont ses valeurs, sa vision ?
- comment régule t-elle les échecs et les conflits ?
Pour cela il ira observer ce qui se passe lors des réunions notamment :
- l’ambiance générale
- comment les décisions sont prises
- les processus de résolution de problèmes et la dynamique collective
- Les relations entre les membres de l’équipe
- le style de management
Ensuite il travaillera sur deux éléments complémentaires :
- La culture de l’équipe, son stade actuel pour qu’il évolue
- L’excellence et les résultats qui sont essentiels pour durer
Un des facteurs clé de succès d’une équipe est la manière dont s’effectue les interactions entre les membres de l’équipe.
L’accompagnement se fait en général en plusieurs étapes :
- un mentoring des managers ;
- des séances de mentoring individuelles pour chacun des membres de l’équipe (pour percevoir ce que pense chacun sur l’équipe, évaluer leurs positions sur certains éléments essentiels, préparer le terrain du mentoring collectif)
- des séances en groupes pour privilégier une interaction et une prise de recul (en utilisant les techniques de l’écoute profonde, des reformulations, des étonnements candides et confrontations bienveillantes…)
Le coach, ou mentor selon les moment, pourra donc décoder le fonctionnement afin de comprendre la culture de l’équipe. Dans l’équipe des rites permettent de forger une identité commune à l’équipe, de renforcer la cohésion du groupe, d’obtenir un engagement plus fort des individus, de guider les actions individuelles vers les objectifs collectifs, d’orienter les projets de l’équipe… Ces rites relèvent de ce que le sociologue américain Erving GOFFMAN appelle les rites d’interaction : règles de tutoiement, salut matinal, pause-café, dressing code…
Dans Tribal Leadership, Dave LOGAN fait la synthèse d’une étude menée pendant plus de 10 ans auprès de milliers de collaborateurs issus de différentes entreprises… Il analyse les systèmes de motivation et les fondements d’une équipe efficace. Il fait de la tribu, en tant que plus ancien type de groupe social, un modèle à imiter, comme au début de Homo Sapiens, justement.
Et si chaque équipe peut, passer au stade de la tribu, l’entreprise aura une chance de viser la maturité de l’entreprise Opale. Mais dans son stade ultime. Car il distingue cinq stades de culture dans les membres qui peuvent la composer, le dernier étant la tribu alignée sur un même idéal de vie. Passer d’un stade à l’autre c’est grandir en cohésion, changer de comportement, de langage, de relation à l’autre, de perception du bien commun.
Le coach a comme objectif d’analyser et de faire évoluer la maturité de l’équipe et de construire une culture forte et partagée.
Alors que dans le monde animal (fourmis, abeilles etc…) l’intelligence collective découle souvent de l’instinct, elle dépend chez l’homme d’une culture construite. Car si l’empathie est naturelle, elle entre en conflit avec les comportements encouragés aux XIXème et XXème siècle lors des 3 premières révolutions industrielles et qui favorisent les attitudes individualistes.
L’histoire d’Apollo 13 résume parfaitement les conditions nécessaires à l’intelligence collective : une raison d’être qui aligne l’équipe pour atteindre un objectif commun. Néanmoins, cette transformation n’est pas simple à obtenir. Au delà de la mission claire de chacun, la compréhension de la raison d’être de l’équipe est le point crucial qui est souvent négligé. Pourtant, sans cela, impossible de transformer les atomes d’oxygène et d’hydrogène en eau…C’est comme quand on mélange deux atomes d’hydrogène (H) avec un atome d’oxygène (O), le résultat est très différent des éléments initiaux : l’eau (H2O). Plus un collaborateur visualise l’avenir souhaité de l’entreprise, plus il sera créatif, réactif, et comprendra comment il peut aider les autres membres de l’équipe et au delà de l’entreprise.
Et pour cela le coach a du travail de fond à réaliser avec les équipes.
Heureusement, il dispose pour cela de toute une panoplie d’outils et de méthodes qui faciliteront cette évolution !
Mais il devra aussi vérifier que le management a bien compris ce que peut apporter à son entreprise l’accompagnement. Il faudra qu’il fasse confiance à ses collaborateurs pour laisser se développer l’autonomie des équipes.
Par Cyril OGEE
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